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Le siècle des Lumières est connu pour avoir pratiqué un décentrement du regard ingénieux par des dispositifs littéraires où un étranger décrit la France et la juge de l’extérieur. Nous étudierons les enjeux esthétiques de ces dispositifs de prise de distance culturelle, mais aussi les enjeux idéologiques à l’heure où les valeurs universelles des Lumières sont de plus en plus critiquées comme des valeurs proprement occidentales et impérialistes, imposées au reste du monde. A l’heure aussi où l’« histoire globale », les « études subalternes » ou « postcoloniales » cherchent à « décoloniser » les récits autant que les esprits. Nous analyserons cette pratique du décentrement inscrite au cœur même du projet des Lumières, et les dissymétries flagrantes qui en préparaient peut-être l’échec, ou du moins qui nous laissent aujourd’hui la charge d’en repenser les enjeux et le programme inachevé.
Au centre de ce questionnement, nous analyserons plus particulièrement l’œuvre de Madame de Graffigny, Lettres d’une Péruvienne (1747), racontant les aventures d’une jeune inca amenée de force en France. Cette œuvre écrite par une femme nous permettra d’intégrer à notre questionnement un autre déplacement conjoint du regard : celui du masculin au féminin.
Œuvres étudiées : extraits de nombreuses œuvres romanesques du dix-huitième siècle, notamment : Montesquieu, Lettres persanes ; Prévost, Histoire d’une grecque moderne ; Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse ; Graffigny, Lettres d’une Péruvienne ; Voltaire, L’Ingénu ; Mercier, L’An 2440 ; Diderot, Supplément au Voyage de Bougainville.
Lecture intégrale de Madame de Graffigny, Lettres d’une péruvienne, 1747.
Edition à acheter :
Françoise de Graffigny, Lettres d’une péruvienne, éd. De Martine Reid, Paris, Gallimard, Folio Classique, 2022. ISBN : 2072890616