Réglages :

Tous les réglages de l'appareil photo doivent être optimisés pour obtenir la netteté la meilleure, la définition la plus importante et l'exposition la plus juste. Pour ces trois raisons, il faut s'assurer :

  • D'avoir enclenché toutes les options permettant de minimiser les tremblements au déclenchement - sur les Canon, il existe par exemple un mode "Mirror Lock-Up", qui, comme son nom l'indique, permet de bloquer le miroir de la visée réflexe. Si des photos doivent être faites sans pied, il est préférable d'utiliser une optique avec stabilisateur.
  • De faire la balance des blancs en mode manuel 
  • D'utiliser un diaphragme ouvert à 8-11 pour avoir une bonne profondeur de champ et un piqué maximum.
  • De régler les ISO le plus bas possible pour diminuer le bruit au maximum.
  • De régler la vitesse en fonction des deux autres paramètre et en s'assurant qu'il n'y ait surtout pas de sous exposition ou de sur-exposition. Si la prise de vue n'est pas parfaitement stable, il est préférable de prioriser une vitesse élevée et de compenser avec les ISO : le bruit d'une sensibilité plus élevée n'affecte que quelques pixels tandis qu'un flou de mouvement affecte toute l'image.
  • De faire une mise au point précise (ne pas hésiter à mesurer la distance de mise au point depuis le repère du plan film ou à la contrôler avec un logiciel comme DSLR pro par exemple).
  • D'utiliser un filtre polarisant si l'objet a une surface réfléchissante (bois vernis, métal, plastique, etc.).
  • D'enregistrer les photos avec le format d'image le plus grand, en RAW - les logiciels de photogrammétrie actuels ne se servent que d'images 8 bits mais le RAW permet de les optimiser pour améliorer la reconstruction.
  • D'utiliser systématiquement un déclenchement à distance (télécommande ou logiciel) ou à retardement.
Réglage du plateau rotatif automatisé :

A l'allumage du boitier de commande, l'écran d'affichage affiche le programme en cours (il y en a quatre sélectionnables), chaque programme étant constitué des paramètres suivants :

Intitulé Valeur par défaut Description
dir CW Sens de rotation du plateau
accel 500 Vitesse d'accélération
pause 1000 Temps de pause entre deux rotations (en ms)
frame 36 Nombre de photo pour 360°
speed 500 Vitesse de rotation (en pas par seconde)
steps 8400 Nombre de pas moteur par tour (en fonction de la taille du plateau

Si les paramètres 'dir' et 'steps' n'ont pas d'incidence sur la prise de vue, les quatre autres paramètres doivent être réglés en fonction de l'objet photographié. Plus l'objet est composé de parties mobiles et légères, moins il est stable, plus les paramètres d’accélération et de vitesse doivent être réduits. Éventuellement, s'il y a des parties mobiles qui mettent un certain temps à se stabiliser après chaque photo, il est possible d'augmenter le paramètre 'pause' pour leur laisser le temps de s'immobiliser. Ce paramètre doit aussi être sensiblement augmenté en cas d'utilisation d'un flash annulaire afin de lui laisser le temps de se recharger entre deux photos (entre 2 et 5s). Il faut enfin ajouter à la valeur de ce paramètre 'pause' le temps de pause utilisé pour la prise de vue : avec une vitesse de 1/25e de seconde par exemple, le temps de pause doit être réglé au minimum à 250. Le paramètre 'frame' dépend de la complexité de la structure de l'objet (voir ci-dessous, la partie Méthode).

Réglages du flash annulaire :

Bloc GODOX CP80Dans le cas de la configuration "avancée", l'utilisation d'un flash annulaire nécessite quelques réglages particuliers, surtout si la technique de la double polarisation est utilisée. Dans ce cas, le filtre polarisant devant le flash amoindrie sa puissance et doit être compensée pour obtenir une exposition correcte. D'autre part, il faut que les deux polarisations soient orientées de 90° l'une par rapport à l'autre pour optimiser l'élimination des reflets.

D'autre part, il est important de ne PAS utiliser de piles rechargeables pour le flash : elles se déchargent beaucoup plus que des piles standards et ne permettent pas de faire de grandes séries de photos comme la photogrammétrie l'exige. Il est d'ailleurs conseillé de recourir à un bloc de batterie qui permet de ne pas être à cours de batterie au milieu d'une prise de vue. Le bloc Godox (image ci-contre) par exemple, permet d'alimenter le flash avec 8 piles supplémentaires en plus de celles du flash.

Méthode :

La méthode est assez simple mais repose sur quelques principes fondamentaux qu'il faut respecter pour obtenir une reconstruction précise :

ColorcheckerLa calibration : Il est important que l'ensemble des photos soit correctement calibré en terme de colorimétrie afin de pouvoir produire une texture "neutre". Les logiciels de photogrammétrie utilisent les photos pour reconstruire une texture, ensuite plaquée sur le maillage 3D. Par définition, cette texture contiendra la lumière (et les ombres éventuelles) avec laquelle l'objet était éclairé au moment de la prise de vue : si l'objet était éclairé avec une dominante bleutée et que l'éclairage virtuel est plutôt orangé, on comprend que le résultat ne sera pas  "raccord". Pour éviter ce type de problème, il est essentiel de prendre une photo de l'objet avec une mire de calibration, de type MacBeth, qui servira à étalonner les photos précisément.

Le plateau rotatif automatisé : Le rôle du plateau est d'optimiser au maximum la prise de vue. Pour reconstruire l'objet de façon optimale, les logiciels de photogrammétrie requièrent un taux de recouvrement de 90% entre les photos. Le nombre de 'frame' doit être adapté à la taille et à la complexité de l'objet photographié, sachant qu'il est préférable d'entrer une valeur relativement élevée (au moins 36 photos par tour). La prise de vue doit se faire dans des conditions d'éclairage stable - les photos à la lumière du jour sont à proscrire dans la mesure du possible.

Il faut au minimum trois séries de photos prises chacune avec un angle différent - contre-plongée, de face et plongée - mais cinq et parfois sept séries donnent de meilleurs résultats. In fine, la prise de vue faite avec le plateau devrait produire au moins une centaine photos, plus généralement 200, parfois plus de 500. Plus le nombre de séries est important, plus les cadrages peuvent être serrés et le nombre de photos par rotation important (les fichiers donnés en exemple ne comptent que 36 photos pour des raisons de poids, mais elles permettent malgré tout une reconstruction "correcte" du buste en plâtre car sa structure spatiale n'est pas très complexe).

Les photos complémentaires : Les photos faites avec le plateau sont souvent insuffisantes pour capter les parties de l'objet les plus masquées (notamment les parties concaves). Il faut dans ce cas compléter les séries faites avec le plateau par des photos complémentaires en se concentrant sur ces détails. Il faut être méthodique pour n'oublier aucune parcelle de la surface de l'objet, et photographier chacune sous plusieurs angles en décalant la position du boitier et en variant les distances de prise de vue et non en le pivotant. Les logiciels de photogrammétrie se basent sur les différences de parallaxe entre les photos pour reconstruire l'objet 3D, or une rotation de l'appareil photo ne produit que très peu de parallaxe contrairement à un déplacement du boitier. Pour le dire autrement, il faut préférer les travellings aux panoramiques.

Modifié le: mardi 1 octobre 2019, 12:47