Quelle que soit la configuration choisie, il faut veiller aux points suivants :

Positionnement de l'appareil photo

Pour pouvoir reconstruire correctement l'objet photographié, il va falloir le photographier sous tous les angles et obtenir les photos les plus nettes et les plus grandes possible. En conséquence, l'appareil photo doit être sur pied et déclenchable à distance (sur la photo ci-dessous, il est déclenché directement par le système de plateau rotatif automatisé). Il doit pouvoir cadrer l'objet en contre-plongée, à l'horizontal et en plongée - il est préférable d'installer l'objet sur une table et/ou d'avoir un pied photo pouvant s'abaisser très bas et monter très haut pour pouvoir capter un maximum de surface facilement. Certains objets, très irréguliers et/ou avec beaucoup de concavités, nécessitent des photos supplémentaires - souvent des séries de cadrages serrés - pour capter les parties les plus masquées. Sur l'exemple de la photo, le dessous du menton, des narines et les oreilles du buste en plâtre sont des zones qui nécessitent une attention toute particulière. Il est toujours préférable de cadrer trop serré que pas assez car les logiciels de photogrammétrie n'ont pas besoin d'avoir "une vue d'ensemble" (voir partie suivante pour plus de précision à ce sujet).

Studio photogrammétrique config 1

Positionnement des lumières

Dans le cas de la configuration "classique", un seul mot d'ordre pour l'éclairage : limiter au maximum les ombres et avoir la lumière la plus étale, la plus douce possible. Les ombres posent deux problèmes : d'une part elles ne permettent pas une reconstruction précise (si l'ombre est trop sombre, la reconstruction peut échouer), et d'autre part elles nécessitent un travail de retouche pour pouvoir utiliser correctement la texture de l'objet en 3D temps réel. Des lumières avec de larges diffuseurs, répartis autour de l'objet et l'éclairant sous ces différents angles permettent d'obtenir un bon résultat (idéalement, il faudrait un dôme de lumière uniforme tout autour de l'objet). Un pied girafe est utile pour éclairer le dessus de l'objet.

schema disposition prise de vue

Dans le cas de la configuration "optimisée", l'éclairage est entièrement assumé par le seul flash annulaire, ce qui permet d'enlever quasi complètement les ombres. Avec le système de double filtre polarisant, il réduit aussi considérablement les reflets - mais pour les réduire au maximum, il est nécessaire d'éclairer l'objet uniquement avec le flash, sans aucune autre lumière. Dernière précaution : augmenter le temps de pause de la table rotative à quelques secondes (3 à 5 en fonction du modèle) pour laisser le temps au flash de se recharger complètement entre deux photos.

Enfin, il est préférable de faire en sorte qu'en dehors de l'objet à photographier, tout soit de couleur unie et mat : les logiciels de photogrammétrie se basent sur les informations RGB de l'image, et ne perdront pas de temps à reconstruire le décors autour de l'objet.

Préparation de l'objet

La dernière étape préparatoire consiste à optimiser l'objet à photogrammétriser en fonction de plusieurs problèmes qu'il peut présenter :

Bombe anti-refletBombe à craie- les reflets : si l'objet présente des zones réflectives (plastique, vernis, métal poli, etc.), il faut absolument les diminuer au maximum car elles sont très problématiques pour la reconstruction. Si les reflets sont modérés, une bombe à matter (photo de gauche) peut suffire à les diminuer suffisamment. Si la réflectivité est trop importante, il peut être nécessaire de recouvrir les parties problématiques avec une bombe à craie qui permettra de les rendre totalement mattes. Dans tous les cas, l'utilisation d'un filtre polarisant - voire d'un système de double polarisation, détaillé dans la partie suivante - est toujours recommandée.

- les transparences : par définition, une zone transparente ne sera pas ou peu visible pour le logiciel de photogrammétrie et ne sera pas reconstruite. Seule solution, rendre opaques les parties transparentes avec une bombe à craie (photo de droite). Une fois recouverte, la surface devenue opaque est cependant très uniforme et l'utilisation d'une brosse à dent (!) avec de l'encre permet d'ajouter des motifs sur la craie qui faciliteront la reconstruction. Un excellent tutoriel détaille le processus à cette adresse.

- les autres pièges : si la transparence et la réflexion sont les deux problèmes principaux qui peuvent se poser, il faut aussi être attentif aux autres points suivants :

  • Surface unie : une assiette en porcelaine blanche est très difficile à reconstruire à cause de l'uniformité de la couleur de sa surface, tandis qu'une assiette sale ou avec des motifs est beaucoup plus facile à photogrammétriser. Dans certains cas, la distance de prise de vue peut être un facteur déterminant : un mur de briques pris de loin en photo sera difficile à reconstruire, toutes les briques se ressemblant. Pris à une petite distance, les irrégularités de chaque brique permettront en revanche au logiciel de les distinguer les unes des autres.
  • Parois et objets fins : les surfaces trop fines ne sont pas conseillées pour la photogrammétrie car elles présenteront beaucoup de bruit. Le problème est que la finesse de certaines parties est mal évaluée par le logiciel car elle est polluée par l'antialiasing et les différents types de bruit
  • petits objets et DOF : les petits objets imposent une mise au point très courte, et par conséquent une profondeur de champ restreinte. Dans ce cas, il est généralement nécessaire de recourir à un flux de production plus complexe que celui discuté ici, qui implique la technique de Focus Stacking. Plus d'information sur cette technique à cette adresse.
  • objets avec parties mobiles : rien ne doit bouger durant la prise de vue de l'objet. Si celui-ci présente des parties qui peuvent bouger, elles doivent absolument être fixées.
  • sujets : la photogrammétrie de personnes nécessite que toutes les photos soient prise en peu de temps, l'immobilité complète étant difficile à maintenir au-delà d'une minute. Une possibilité est d'utiliser des caméras vidéo pour aller plus vite, puis d'extraire des séquences vidéos les images les plus pertinentes. Il est également nécessaire de s'assurer que les vêtements portés ne soient pas trop amples et/ou légers et que les cheveux soient attachés.
  • support de l'objet : il peut être intéressant, si l'objet doit être photogrammétrisé en entier ou sous un angle précis, de créer un support sur mesure pour le maintenir dans une position optimale

- Si possible ajouter des marques : si l'objet le permet, il est toujours préférable d'ajouter des marques dessus pour donner à la photogrammétrie davantage d'informations sur la structure spatiale de l'objet... dès lors que la texture Diffuse calculée à partir des photos n'est pas indispensable (sans quoi son nettoyage dans Photoshop risque d'être long et fastifieux).

Modifié le: samedi 27 juillet 2019, 15:03