Cette méthode est dans son principe assez similaire à la version simple pour la partie prise de vue, si ce n'est qu'elle nécessite un matériel plus spécifique afin de permettre une restitution impeccable des intensité de lumière et de la colorimétrie. Le travail de reconstruction du panoramique HDR et de conversion des formats et des espaces colorimétriques doit être très précis et pour cette raison il est intégralement réalisé dans Nuke.

Le matériel :

Le matériel est sélectionné selon deux critères : sa précision pour la captation des lumières et des couleurs, sa capacité à permettre de travailler rapidement - sur un tournage, le superviseur VFX ne peut se permettre de prendre trop de temps pour ce genre d'opération sans géner le reste de l'équipe de tournage. Il comprend :

  • Pied photo professionnel
  • Rotule panoramique
  • Boitier Canon 5D mark iii (ou autre DSRL full frame ayant un profil ACES disponible et une option de bracketting sur 7 expositions à 2 diaphragmes d'intervalle)
  • Optique Sigma 8mm 3.5 (ou autre optique fisheye de 8mm ou 10mm permettant de monter un filtre ND à l'avant. L'avantage d'un 8mm est de permettre la réalisation du panoramique à partir de seulement trois positions différentes tandis qu'un 10mm en impose quatre)
  • Charte colorimétrique ColorChecker Passport 2 + rig comprenant une sphère chromée et une sphère grise à 18%
  • Petite tablette veleda + feutre
  • Luxmètre
  • Filtre IRND ND3
La prise de vue :

Toutes les indications pour la prise de vue sont détaillées dans la vidéo présentant la méthode weta, accessible ici.

Attention : si le panoramique HDR doit être réalisé dans l'objectif de mélanger prise de vue réelle et 3D, la séance de prise de vue doit aussi réaliser, dans la foulée de la prise de vue HDR, la captation de plusieurs éléments supplémentaires en plus du plan principal qui servira au trucage :

  • Une prise de vue d'une charte colorimétrique (la même que pour le panoramiqe HDR) réalisée avec la caméra vidéo servant à filmer le plan où sera intégré la 3D
  • Une mire d'évaluation de la déformation en barillet
  • Une mire d'évaluation de l'antialiasing
  • Un repère pour les ombres
  • Un schéma de la scène avec des éléments de mesure
La reconstruction :

1. Conversion des fichiers RAW :

La conversion doit être réalisée de sorte qu'aucune donnée d'intensité de lumière ou de couleur ne soit altérée - pas question donc de passer par Photoshop ! Elle se fait en deux étapes :

  • Conversion des fichiers RAW en fichiers DNG avec le Adobe DNG Converter (téléchargeable ici)
  • Conversion des fichiers DNG en fichiers EXR avec Nuke : Il faut d'abord s'assurer que Nuke est correctement configurer pour fonctionner en mode ACES. Un node read récupère les fichiers DNG, et les interprète de façon linéaire dans l'espace colorimétrique le plus large possible (scene linear / CIE XYZ) pour ne perdre aucune donnée. Eventuellement, si les photos ont été prises en mode portrait, un node reformat leur fait faire une rotation à 90°. Un node OCIOColorSpace converti l''espace colorimétrique CIE XYZ en ACEScg et enfin les fichiers sont exportés avec un node write au format EXR 16bit half (l'espace colorimétrique d'export est sur RAW pour que nuke ne modifie aucune valeur) et avec l'ensemble des métadonnées (all metadata)
conversion

2. Le HDR

A cette étape également, pas question d'utiliser des logiciels qui construisent automatiquement une image HDR à partir de plusieurs photos (Photoshop, Photomatix) : le process doit être transparent et permettre d'être certain que le logiciel utilisé ne modifiera ni les intensités lumineuse ni la colorimétrie... ce que seul Nuke permet.

  • Chacune des 7 photos prise dans la même position à 2 diaphragmes d'intervalle est importée  avec un  node read. Un node Keyer en mode luminance sur la couche alpha isole une portion de la luminance (la partie centrale pour ne garder que les valeurs les plus représentatives, donc pas celles aux extrémités de l'histogramme). Un node Multiply conforme toutes les photos à la même luminance (il y a 14 diaphragmes de différences entre la photo la plus exposée et la photo la moins exposée : ce node permet de les ramener toutes à la même valeur d'exposition : la photo la plus exposée n'est pas modifiée, tandis que la photo la moins esposée voit sa luminance multipliée par 256). Enfin un node Premult multiplie la valeur RGB par la luminance contenue dans la couche alpha pour nromaliser le résultat final, en particulier dans les hautes valeurs de luminance. Enfin un node Merge en mode plus (pour additionner les luminances) fusionne les 7 photos en une seule.
  •  Pour normaliser le résultat et diminuer le grain, un node shuffle transfère la luminance de la couche alpha sur les couches RGB puis le résultat est divisé avec un node merge par l'image HDR brutte précédente.
  • Le résultat final est exporté par un node Write, dans l'espace colorimétrique ACEScg et au format EXR 16b fp - comme le seront tous les exports suivants.

HDR

Cette opération est à refaire pour chaque position de prise de vue : si elle a été faite avec un 8mm, elle doit être faite 3 fois, si elle a été faite avec un 10mm, elle doit être faite 4 fois.

3. Le Panoramique :

A l'issu de l'étape précédente, on dispose des photos HDR pour chaque position de l'appareil durant la prise de vue : il faut maintenant les assembler pour créer le panoramique final. Nuke dispose d'une série de node réservé à la gestion des images à 360°, CaraVR : avec un premier node Camera solve, les photos sont grossièrement assemblées, puis le node C_Stitcher va uniformiser et fusionner proprement les zones de chevauchement entre les photos. Le résultat n'a plus qu'à être exporté au format EXR en ACEScg pour pouvoir être exploité dans un logiciel de 3D.

Pano

A ce stade, le panoramique HDR est terminé. S'il doit être utilisé pour éclairé des élements 3D qui devront être intégrés dans une vidéo prise dans les mêmes conditions lumineuse, alors deux étapes supplémentaires sont nécessaires :

4. Le traitement des références :
Trois opérations sont nécessaires : la conversion des fichiers RAW en DNG puis en EXR selon la méme méhode que l'étape 1, avec un node Grade permettant de faire la balance des blancs sur la référence de la charte colorimétrique, puis dupliqué sur les deux autres références (le plan principal, et la référence des ombres). La deuxième opération consiste à convertir une charte colorimétrique idéale en un fichier de référence pour la 3D grâce au script disponible à cette adresse. La troisième et dernière opération consiste à exporter les valeurs précise de gris pour les comparer avec leur équivalent dans un logiciel de 3D. Le gris de la bille grise du rig colorimétrique ayant été fait avec une valeur approximative (une peinture matte en bombe de référence RAL7037, sa valeur RGB (122-123-122) est converti dans un espace ACEScg. La même opération est faire avec un gris à 18% idéal.

references

5. La conformation colorimétrique du panoramique HDR :
Le panoramique HDR ayant été fait avec un appareil photo, et la vidéo devant être truquée avec une caméra, leurs espaces colorimétriques ne sont pas identiques. Cette dernière étape recalibre l'espace colorimétrique du panoramique par rapport à celui de la vidéo grâce au script mmcolor_target disponible à cette adresse (attention son installation n'est pas aisée).

Calib pano

Modifié le: mercredi 30 août 2023, 16:13